Cette lettre d’opinion a été publiée par The Hill Times
Lettre d’opinion par Denise Amyot
Dans une économie aussi diversifiée et vaste que celle du Canada, prévoir et satisfaire les besoins en compétences est une tâche complexe. Certes, nous avons besoin de professionnels de métiers et de la santé qualifiés. Par contre, les professionnels de l’éducation préscolaire, de la conception de logiciels et de l’entrepreneuriat sont tout aussi indispensables à la croissance de notre économie en évolution. La mondialisation complique considérablement notre profil national de compétences et, plus que jamais, les employeurs canadiens ont besoin de candidats et candidates dotés d’une combinaison optimale de compétences professionnelles et mondiales.
Les collèges et instituts ont toujours axé l’enseignement sur des compétences recherchées par le marché du travail. Ils offrent d’ailleurs plus de 10 000 programmes conçus avec les secteurs pour veiller à ce que les objectifs d’apprentissages correspondent aux attentes des employeurs.
Les expériences d’études et de travail à l’étranger complètent cette équation. Les « compétences mondiales » sont les compétences communes à tous les professionnels, telles que la communication, la collaboration et la capacité d’adaptation. Les expériences à l’étranger permettent aux étudiants et étudiantes d’acquérir ces compétences avant d’intégrer le marché du travail. Cependant, les statistiques montrent que les Canadiens et Canadiennes sont moins susceptibles que leurs homologues du G7 à vivre de telles expériences. Dans un contexte mondial, c’est un désavantage. Heureusement, les programmes comme Expérience compétences mondiales (ECM) peuvent combler cet écart.
Financé par Emploi et Développement social Canada et géré conjointement par Collèges et instituts Canada et Universités Canada, ECM facilite l’accès aux expériences d’apprentissage à l’étranger pour les Canadiens et Canadiennes aux études postsecondaires. Dans le cadre du programme, les établissements organisent et concrétisent des expériences d’études et de travail à l’étranger qui favorise l’acquisition des compétences mondiales recherchées par les employeurs et nécessaires à l’économie canadienne.
Par exemple, le programme de soutien à la mobilité internationale des entrepreneurs autochtones I’M SIENT (International Mobility Supporting Indigenous Entrepreneurs) du Sault College en Ontario est une initiative financée par ECM qui permet aux étudiants et étudiantes autochtones de perfectionner leurs compétences techniques et analytiques et d’appliquer leurs connaissances avec des pairs et des entrepreneurs autochtones du Yucatan, au Mexique. Le potentiel de compétences de cette initiative est incalculable, d’autant plus qu’elle cible des groupes généralement sous-représentés dans la main-d’œuvre canadienne et les études postsecondaires.
ECM mise sur les forces d’un réseau de plus de 250 établissements postsecondaires pour favoriser l’intégration d’environ 11 000 étudiantes et étudiants canadiens sur quatre ans (particulièrement ceux et celles qui ont traditionnellement un accès limité à ces expériences) à une population active concurrentielle.
À ce jour, plus de 5000 étudiants et étudiantes, dont 75 % s’identifient comme membres d’un groupe traditionnellement sous-représenté, ont participé à une expérience d’étude ou de travail financée par ECM dans une centaine de pays. Parmi eux, 64 % sont à faible revenu, 18 %, en situation de handicap et 13 %, autochtones.
Le postsecondaire a toujours été la clé pour relever les défis du marché du travail. En effet, l’évolution du monde de l’emploi doit absolument se refléter dans l’éducation, et les expériences d’apprentissage hors de la salle de classe et du pays sont plus pertinentes que jamais.
Les expériences d’études et de travail à l’étranger, telles que celles financées par ECM, exposent les étudiants et étudiantes à de nouveaux environnements, défis et mentalités qui leur permettent d’acquérir des compétences, de la confiance et une appréciation pour la diversité. Elles constituent de plus un élément clé de la Stratégie en matière d’éducation internationale du gouvernent du Canada.
Les participants et participantes d’ECM ont identifié l’adaptabilité, la collaboration, le réseautage, la résolution de problème, les compétences linguistiques et la communication parmi les principales compétences acquises lors des expériences financées par le programme. D’ailleurs, chacune de ces compétences concorde avec l’initiative Compétences pour réussir du gouvernement du Canada, qui liste neuf compétences nécessaires pour participer et s’épanouir aux études, au travail et dans la vie.
Le Canada a besoin d’un flux permanent de talents compétitifs à l’échelle mondiale. Le financement permanent de programmes comme ECM profite donc aux étudiants, aux étudiantes et aux employeurs tout en aidant les établissements d’enseignement à offrir encore plus d’expériences d’études et de travail à l’étranger sécuritaires, enrichissantes et accessibles.
Avec un financement garantissant sa pérennité et sa croissance, ECM pourra cumuler les succès, former davantage de professionnels à la réussite et approfondir les liens interpersonnels à l’échelle mondiale. Les Canadiens et Canadiennes qui vivent des expériences à l’étranger rapportent de nouvelles compétences chez nous. La vitalité de notre main-d’œuvre en dépend.
Denise Amyot est présidente-directrice générale de Collèges et Instituts Canada depuis 2013. Elle siège actuellement à deux conseils d’administration internationaux (la (Qatar Foundation et la World Federation of Colleges and Polytechnics) et à trois conseils d’administration nationaux. Elle a également siégé au Conseil des Compétences futures du gouvernement du Canada.